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Le traitement implicite d’une expression faciale de douleur : étude psychophysique et par enregistrements intracrâniens chez l’Homme

On The July 20, 2015

Claire Czekala

Team Director - Luis Garcia-Larrea

Abstract :

Dans ce travail, nous nous sommes intéressés au traitement implicite d’une expression faciale de douleur, d’un point de vue psychophysique et électrophysiologique. Dans un premier temps, nous avons déterminé le temps de présentation nécessaire à la détection d’un visage de douleur comparativement à la détection du genre du visage, auprès de 80 sujets sains. Pour cela, nous avons présentés des visages entre deux masques à 50, 100, 150 et 200 ms. Les résultats montrent que lorsque les visages sont présentés pendant 100 ms, 75% des sujets détectent au-delà du hasard et de façon subliminale l’expression faciale de douleur, alors que seulement 20% d’entre eux sont capables de détecter le genre du visage. Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l’activation cérébrale mise en jeu dans le traitement implicite de visages de douleur et plus particulièrement à l’activation de l’insula ; une structure majeure dans l’intégration corticale d’une sensation douloureuse. Une dichotomie fonctionnelle est aujourd’hui admise dans l’insula avec une région postérieure dévolue au traitement des aspects sensoriels de la nociception, et une partie antérieure plus impliquée dans les phénomènes émotionnels qui lui sont liés. Nous avons enregistrés auprès de 20 patients souffrant d’épilepsies pharmaco-résistantes et ayant subi une implantation chirurgicale d’électrodes intracrâniennes les potentiels évoqués (PE) à la perception implicite des visages de douleur (les patients étaient focalisés sur le genre du visage) que nous avons comparés aux PE à la perception de visages neutres ou exprimant les six émotions de base. Nos résultats montrent que l’insula antérieure répond 180 ms après l’apparition des visages avec une amplitude plus ample pour la réponse aux visages douloureux comparativement aux visages neutres. L’insula postérieure répond 176 ms après l’apparition des visages sans différence d’amplitude pour les visages douloureux ou neutres.

L’ensemble de ces résultats soulignent notre capacité à détecter de façon rapide et implicite l’expression faciale de douleur. La partie antérieure de l’insula serait impliquée dans ce phénomène, corroborant les théories qui suggèrent la participation de cette région corticale dans la perception d’une émotion et en particulier de la douleur d’autrui.